La presse en parle
Notre règne arrivera
De Grace Lumpkin
Collection : Fiction
Retour à la fiche du livre“En 1929, le déclenchement d’une grève dans une usine textile de Caroline du Nord mobilise nombre d’intellectuels proches du Parti communiste américain. La romancière Grace Lumpkin (1891-1980) se rend sur place et s’en inspire. S’inscrivant dans la veine “prolétarienne”, un courant littéraire que John Steinbeck illustra avec son chef-d’oeuvre Les raisins de la colère (1939), son premier roman Notre règne arrivera, publié en 1932 et prix Gorki en 1933 (la suprême récompense littéraire soviétique), décrit la lente émergence d’une conscience de classe à travers le destin de la famille McClure. Paysans des montagnes des Appalaches, Grand-Père, sa fille Emma et sa progéniture luttent chaque hiver pour survivre. Saisissant l’occasion du rachat de leur terre, ils échangent la faim contre l’épuisement physique devant les machines à tisser. L’intention démonstrative est évidente mais n’alourdit pas la fresque qui possède une réelle grâce. Les personnages sont campés tout en pudeur et en détermination et Grace Lumpkin brosse de belles scènes de groupe, baptême dans la rivière ou cheminement dans les montagnes. Dommage que, tournant le dos au communisme, elle ait en fin de compte elle-même participé à l’oubli de son oeuvre. Ses quatre romans sont presque introuvables aux Etats-Unis.” “Une fresque prolétarienne” par Julie CLARINI. Le Monde. 23 mars 2012.
« […]Ce que Les Forges de Vulcain ont voulu faire, par cette traduction, c’est aussi de le présenter avant tout comme un roman, pour ne pas le cantonner, disons, à un public déjà conquis, ou déjà averti, pour ne pas en faire seulement un objet politique (même s’il en est évidemment un), mais le faire lire pour ce qu’il est : le récit du destin d’une famille prise dans les mailles d’une histoire qui la dépasse, mais sur laquelle elle va finalement décider d’agir. »in « Roman et luttes de classes aux Etats-Unis. Entretien avec Alice Béja, traductrice de « Notre règne arrivera ». Propos recueillis par Ugo Palheta pour la revue Contretemps.
« C’est au point d’intersection du moment prolétarien américain en littérature, de la saisie de ce moment par une romancière, d’une grève d’ouvrières (et d’ouvriers) du textile ainsi que d’une forte proximité de ces événements avec le Parti communiste américain que l’ouvrage de Grace Lumpkin se construit, ab irato, dans les années trente. Et qu’il se lit. Dans ces années-là et maintenant. Maintenant aussi ? Oui. Comme une trace profonde issue d’une époque qui fut, et qui n’est plus. » (Christian Beuvain, Revue Dissidences, numéro 4, automne 2012)
« Le projet militant et le choix du réalisme propre à ce courant littéraire n’empêchent pas une belle écriture, ce dont ce roman témoigne. Il a aussi un autre grand mérite : celui de nous présenter sans pathos, sur trois décennies, la vie d’une cellule familiale de « poor white trash » avec une extrême précision. […] Le personnage d’Emma McClure, veuve avec quatre enfants, est le plus intéressant. Successivement paysanne, ouvrière et militante, elle rompt avec les stéréotypes littéraires féminins (la mère nourricière) que l’on peut trouver par exemple dans ’Les Raisins de la colère’ de John Steinbeck, elle veut tout, y compris, peut-être, la Révolution. L’exode – grand mythe américain – ne débouche que sur l’emprisonnement dans l’usine dont on ne sort que par la lutte et les actions collectives. »(revue Aden, numéro 11, octobre 2012)
« Un très beau roman, avec de grandes scènes de vie, les rites de passage, les joies et les peines de cette courageuse famille McClure, et un beau témoignage des balbutiements de la justice sociale. » (la suite, ici)